Émissions indirectes : pourquoi le Scope 3 reste le casse-tête carbone du numérique

Peu visibles mais massives, les émissions Scope 3 liées au numérique sont le point faible de stratégies bas carbone.

Comprendre les émissions Scope 3 dans le numérique

Quand une entreprise s’engage dans une stratégie bas carbone, elle commence logiquement par réduire ses émissions directes (Scope 1) — celles issues de sa consommation de carburants ou de ses procédés industriels — puis s’attaque à sa consommation d’électricité (Scope 2). Ces catégories d’émissions font partie de ce que l’on appelle les scopes du bilan carbone, une classification qui permet de structurer l’action climatique. Mais très vite, un mur se dresse : celui du Scope 3.

Le Scope 3 regroupe toutes les émissions indirectes, issues des activités de la chaîne de valeur. Dans le numérique, cela inclut :

  • la fabrication des équipements (ordinateurs, smartphones, serveurs) ;
  • l’externalisation de services dans le cloud ou chez des prestataires IT ;
  • la logistique et la livraison des produits numériques ;
  • l’usage et la fin de vie des équipements, souvent hors radar de l’entreprise.

Ces émissions, pourtant invisibles à l’échelle opérationnelle, peuvent représenter plus de 70 % de l’empreinte carbone d’un système d’information. Autrement dit, le Scope 3 est à la fois omniprésent et difficile à cerner.

Pourquoi le Scope 3 est si difficile à maîtriser

Le principal défi du Scope 3 réside dans son périmètre étendu et diffus. Contrairement à l’électricité ou au gaz, les activités indirectes impliquent de nombreux acteurs externes, parfois sur plusieurs continents.

Les obstacles principaux sont :

  • Un manque de transparence chez les fournisseurs : peu d’acteurs partagent des données précises sur les émissions liées à leurs produits ou services numériques.
  • Des données lacunaires : la plupart des entreprises n’ont qu’une vision estimée, souvent issue de bases de données génériques, peu adaptées aux technologies récentes.
  • Une dilution des responsabilités : externaliser son infrastructure IT (cloud, SaaS) peut transférer les émissions hors de son périmètre de contrôle... mais pas de son périmètre de responsabilité carbone.
  • Des incertitudes dans les modèles de calcul : estimer l’impact carbone d’un ordinateur sur cinq ans ou d’un service cloud partagé reste un exercice imparfait.

Les postes les plus émissifs côté numérique

Le numérique n’est pas immatériel. Il repose sur une chaîne logistique physique et énergétique qui pèse lourd dans le Scope 3.

1. Fabrication des équipements

La phase de production des ordinateurs, serveurs et autres périphériques représente une part majeure des émissions. Extraction de métaux rares, assemblage, transport : tout cela se fait bien souvent en dehors de l’UE, dans des contextes peu transparents.

2. Services cloud externalisés

Le stockage et le traitement des données dans des data centers opérés par des tiers échappent au contrôle direct des DSI. Pourtant, ces infrastructures consomment énormément d’énergie et génèrent une empreinte carbone proportionnelle au volume de données traitées.

3. Fin de vie du matériel

Peu d’entreprises mesurent l’impact carbone du recyclage ou de la destruction de leurs équipements. Or, un ordinateur mal recyclé ou non réutilisé prolonge l’empreinte de son cycle de vie.

4. Mobilité et télétravail

Les réunions en visioconférence, l’usage domestique d’équipements professionnels ou la consommation électrique liée au télétravail génèrent des émissions indirectes difficilement traçables mais non négligeables.

Télétravailleur en train de boire son café

5 leviers pour mieux cerner et réduire les émissions Scope 3

Face à cette complexité, il ne suffit pas d’espérer. Des leviers existent pour améliorer la traçabilité et réduire l’impact.

1. Auditer le système d’information en ACV

Réaliser un audit en cycle de vie permet de mesurer finement les émissions liées aux équipements et services IT, en intégrant toutes les phases de leur vie utile.

2. Intégrer le carbone dans les achats IT

Au moment du renouvellement de parc ou de la souscription à un service numérique, intégrer des critères environnementaux dès le cahier des charges devient indispensable.

3. Allonger la durée de vie des équipements

Réduire la fréquence de renouvellement, recourir au reconditionné, favoriser la réparabilité : autant de moyens d’alléger le Scope 3 matériel.

4. Exiger plus de transparence des fournisseurs

Les entreprises peuvent demander des fiches d’impact environnemental ou des rapports d’émissions de leurs partenaires technologiques. La pression collective permet d’améliorer la qualité des données disponibles.

5. Favoriser les labels environnementaux fiables

Des certifications comme TCO Certified ou EPEAT peuvent aider à sélectionner des équipements à faible impact, dont la fabrication est mieux maîtrisée.

Agir malgré la complexité

Le Scope 3 ne doit pas être un angle mort de la stratégie carbone des entreprises, surtout dans le secteur numérique. Bien que difficile à quantifier et à piloter, il reste le principal gisement de réduction pour les organisations engagées dans la transition écologique.

Chez Colibris, nous accompagnons les entreprises dans la mesure et la réduction de leur empreinte numérique, en rendant le Scope 3 plus lisible et en transformant la contrainte réglementaire en levier d’action durable. Identifier vos postes les plus émissifs, intégrer des critères carbone dans vos achats IT, ou prolonger la durée de vie de vos équipements : autant de leviers que nous vous aidons à activer pour accélérer votre stratégie bas carbone. Prenez rendez-vous dès aujourd’hui.