La cryptomonnaie est-elle polluante ?

Les cryptomonnaies seront peut-être les monnaies de demain. Mais quel est leur impact environnemental ?

Depuis plusieurs années, de nouvelles cryptomonnaies émergent aussi vite qu’elles prennent de la valeur. Si cela semble être l’avenir de nos économies, quel est l’impact environnemental de cette monnaie 100% virtuelle ?

Qu’est-ce que la cryptomonnaie ?

La cryptomonnaie ou monnaie virtuelle est un actif qui s’échange sans un tiers de confiance (une banque par exemple). Contrairement aux monnaies classiques, elle n’a pas de support physique comme des billets ou des pièces. De plus, elle n’est pas régulée et n’a pas de référence avec l’or comme les monnaies classiques.

L’utilisation de la blockchain

Les cryptomonnaies fonctionnent grâce à la technologie blockchain, permettant l’échange d’un propriétaire à un autre. La blockchain permet de stocker et de transmettre des informations.

La blockchain permet donc, via internet, de pouvoir échanger des données. La cryptomonnaie n’est donc qu’une suite d’informations échangées entre ses propriétaires.

Evolution du cours des cryptomonnaies

Combien existe-t-il de cryptomonnaies ?

Bien qu’elle ne soit pas la première, la monnaie virtuelle la plus populaire est le Bitcoin, suivie de l’Ethereum (ETH). Cependant, il existe des milliers de cryptomonnaies, dont une grande majorité vont disparaître lorsque leurs valeurs atteindront 0.

L’utilisation de la cryptomonnaie comme levier de financement

En 2017, la cryptomonnaie a été très largement utilisée pour les levées de fonds et notamment les ICO (Initial Coin Offering). Il s’agit également de levées de fonds à destination des jeunes entreprises pour le financement du développement de leur activité, sans intermédiaire, via la blockchain.

L’impact écologique de la cryptomonnaie

Quand on parle de monnaie virtuelle, il est difficile d’imaginer que ces dernières soient polluantes. Mais comme les outils numériques, la cryptomonnaie est polluante. En effet, si le Bitcoin était un pays, il consommerait plus d’énergie que la Norvège !  

L’impact de la production des cryptomonnaies.

Pour analyser l’impact des cryptomonnaies, il est intéressant de regarder celui du Bitcoin. En effet, étant la cryptomonnaie la plus populaire, le Bitcoin est également la plus polluante.
La principale problématique des monnaies virtuelles concerne la quantité d’énergie qu’elles utilisent. Plus cette cryptomonnaie va être utilisée, plus elle va circuler et demander ainsi un grand volume d’énergie.

De plus, pour pouvoir satisfaire la demande et assurer la sécurité des transactions, il est nécessaire de faire appel à des “fermes de minages”. Il s’agit de grands entrepôts, comme des data centers, avec des ordinateurs en utilisation quasi-permanente.
Bien souvent, les “mineurs”, les entreprises produisant des Bitcoins, vont s’implémenter dans des endroits où les coûts de l’énergie sont les moins élevés : Russie, Chine, Etats-Unis, Kazakhstan...
Si l’énergie y est peu chère, c’est qu’elle est principalement fossile et non-renouvelable.

D’après une étude de Selectra, la consommation en électricité annuelle du Bitcoin s’élève à 134 TWh. Si l’on compare cela à la consommation des pays, le Bitcoin serait classé 26e plus gros utilisateur d’électricité.

Centre d’extraction d’énergies fossiles  


La création de déchets numériques générés par les cryptomonnaies.

Si on garde en tête l’exemple du Bitcoin, son impact n’est pas seulement lié à sa consommation énergétique mais également à la quantité de déchets électroniques qu’il produit.
En effet, en 2021, Resources, Conservation and Recycling a publié une étude indiquant que les puces informatiques utilisées par les mineurs sont de plus en plus complexes, mais surtout ont une durée de vie de plus en plus courte.
En effet, elles sont en moyenne renouvelées tous les 1,29 ans. N’étant utilisée que pour cet usage spécifique lié aux cryptomonnaies, ces puces ne peuvent pas être réutilisées ou recyclées et sont donc juste jetées, produisant ainsi une énorme quantité de déchets.
La production de déchets liés à la cryptomonnaie est égale à 30 700 tonnes, soit l’équivalent des déchets électroniques annuels des Pays-Bas.

L’impact social des cryptomonnaies

Bien qu’il soit catastrophique, le bilan carbone des cryptomonnaies n’est pas le seul impact. En effet, les fermes de minages relèvent également des impacts sur les populations. En effet, l’utilisation accrue d’une source d’énergie locale, même renouvelable, fait grimper les prix de l’électricité pour la population locale (comme observé à Plattsburgh, aux Etats Unis).

On observe également la création de fermes de minage dans des endroits où un effort de protection de la biodiversité est mis en place. C’est le cas notamment de la ferme française dans le parc national du Virunga, en République démocratique du Congo. C’est dans ce plus vieux parc national d’Afrique, qui est classé par l’Unesco, que s’est installée une ferme de minage, au milieu d’espèces sauvages.

Champs de panneaux solaires et éoliens


Les projets de réduction de l’impact des cryptomonnaies

En 2021, The Cryption Climat Accord fut créé avec un objectif : celui de rendre l’empreinte carbone des monnaies virtuelles nul d’ici à 2040.

Bien que cette incitative soit encourageante, différentes problématiques ont été soulevées.
En effet, la traçabilité de la source d’énergie utilisée pour la production de chaque cryptomonnaie semble impossible avec le principe de fongibilité. En effet, les monnaies virtuelles sont fongibles, c’est-à-dire qu’elles sont interchangeables contre un bien de la même nature.
Pour assurer une traçabilité de l’impact écologique d’une cryptomonnaie, il faut alors les classifier entre monnaies écologiques ou non. Or, cela reviendrait à perdre le principe de la fongibilité.

Beaucoup de mineurs vont vanter l’écoresponsabilité de leurs fermes. En effet, pour alimenter certaines fermes, des énergies renouvelables sont mises en place. Certes, l’énergie utilisée est décarbonée, mais cela reste de l’énergie utilisée pour du minage et non pour d’autres besoins vitaux ou à la destination de toute une population. De plus, cela ne s’inscrit pas dans le projet de sobriété énergétique, nécessaire pour lutter contre les dérèglements climatiques.